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Steven Claydon – Analogues, Methods, Monsters, Machines

Steven Claydon
Analogues, Methods, Monsters, Machines


Le Centre d’Art Contemporain Genève est heureux de présenter la première exposition personnelle de l’artiste Steven Claydon dans une institution d’art suisse, du 17 septembre au 22 novembre 2015.

Faisant appel à tout un éventail de médias, dont la sculpture, l’installation, la vidéo, la peinture et la performance, le travail de Steven Claydon s’intéresse aux diverses manières dont les objets se transforment dans la nature et fonctionnent à travers le temps. Il dresse la carte d’un territoire insolite, déterminé par la culture, dans lequel existent les objets, oscillant entre la matière brute et les signifiants qui opèrent dans le champ social. Intégrant des esthétiques et des techniques divergentes ― de la fabrication high-tech à l’artisanat traditionnel ― Claydon déconstruit les catégories et les taxonomies enracinées, par lesquelles se transmet habituellement l’information et s’effectue la récupération du capital culturel. De ce fait, son travail facilite l’émergence d’un langage rudimentaire ― non-didactique et autonome ― qui fonctionne dans le style ouvert de la poésie haptique ou de la mise en scène rituelle. Ses pièces se conjuguent pour engendrer un environnement chargé, dans lequel de nouvelles relations sans limite sont engendrées, métamorphosant de manière prolifique tant le statut que la signification de ce qui est présenté. La « gravité » conférée aux idées et aux objets est remplacée par une sorte d’apesanteur polysémique.

Pour Analogues, Methods, Monsters, Machines, Claydon a créé un nouvel ensemble d’œuvres explorant la dichotomie culturelle courante entre l’Histoire et la technologie, par le biais d’une méthodologie radicalement associative. Un principe d’équivalences cachées ou « forcées » sous-tend les œuvres exposées, reflétant non seulement la connectivité inhérente au cerveau humain, mais évoquant également la capacité de ce dernier à faire des sauts contraires à l’intuition, irrationnels et fantasques : « En créant des ponts semi-artificiels entre le formel et le fonctionnel, l’utilité matérielle et la subjectivité flagrante, l’agent social et l’intériorité de la chose, j’entends faire jaillir des étincelles qui, en s’épanouissant, engendreront des collisions fertiles et de la matière nouvelle. Je veux créer un réseau de connectivité latéral qui se construit de manière intuitive, relative, physique et psychique. » Dans Chimera Suspended (2015), Claydon transforme une effigie du philosophe romain Sénèque en une figure polyglotte de l’imagination, avec des barres d’acier en guise de jambes et des pieds reptiliens plaqués or. Les emblèmes de l’antiquité, la production de masse, l’utilitarisme et le grotesque s’entrechoquent et convergent en une sorte d’allégorie de la « connaissance » même, dans tout son égarement, son optimisme et sa folie. Comme le remarque Claydon : « ces migrations et ces accumulations de fragments et d’objets ne sont pas moins réelles que le transport d’un rocher sur des centaines de kilomètres le long d’un glacier, ou qu’un colis postal égaré arrivant dans une contrée lointaine ».

Des références spécifiques à l’histoire et à la culture suisse et genevoise sont enchevêtrées dans la trame de l’exposition. Dans plusieurs de ses pièces, Claydon met à contribution les théories pseudo-scientifiques anti-conformistes de l’auteur suisse Erich von Daniken, fameux pour avoir prétendu que la culture humaine à ses débuts aurait été influencée par des extra-terrestres. Cette projection, ou enchâssement, de la science-fiction dans le domaine de l’histoire antique reflète l’intérêt plus large de l’artiste pour la façon dont la culture contemporaine va chercher dans le passé une légitimité fallacieuse. La science-fiction est invoquée dans le sens littéral de « fictions tissées par la science », et certaines œuvres soulignent avec ironie le fait que la technologie connaît parfois des échecs inexplicables. Par l’accumulation d’exemples de la folie humaine et par ses projections, Claydon cherche à démanteler, tant les errements populistes, que les orthodoxies académiques, intercalant et amalgamant les concepts de l’ethnographie, de l’histoire culturelle, de la microscopie électronique, et de la physique des particules (en particulier les expériences rendues possibles par l’accélérateur de particules LHC au CERN) et les propriétés des métaux nobles tels que l’or.

Un thème parallèle, disséminé à travers l’exposition, est celui de la valeur relative et versatile des objets, mise en scène à travers le motif de l’or. Les œuvres les plus récentes de Claydon retracent les origines scientifiques et anthropologiques de ce métal, à savoir son apparition lors des premières phases de l’expansion de l’univers, ainsi que son statut culturel dû à sa rareté physique et à sa stabilité chimique. Connu chez les Incas sous le nom de « sueur du soleil » et chez les Aztèques sous celui de « merde des dieux », l’or est exploré sous l’angle de ses qualités pré-fiscales, pré-colombiennes. A travers ce fil rouge, Claydon fait des sauts ― à la fois quantitatifs et épistémologiques ― entre les cultures et les systèmes de connaissance. Ses pièces s’inspirent par exemple de l’emploi de l’or dans la microscopie électronique par balayage où des substrats minuscules sont lyophilisés et recouverts de couches d’or microscopiques, permettant aux électrons d’identifier plus facilement la surface d’un objet (un processus qui ressemble à la pratique de stimulation des électrodes en neuroscience). Claydon soustrait l’or à sa fonction commerciale et l’utilise dans sa seule fonctionnalité, reflétant l’usage que les technologies électriques, satellitaires et spatiales font de ce métal.

Constituée essentiellement de nouvelles œuvres, cette exposition inclut également un certain nombre de travaux antérieurs qui anticipaient les idées qui sont au cœur de ce nouveau projet. A l’occasion de cette exposition un livre d’artiste sera publié par Mousse Publishing.

Steven Claydon (né en 1969) vit et travaille à Londres. Il est diplômé de la Chelsea School of Art & Design et de Central Saint Martins à Londres. Il a présenté ses travaux dans d’importantes expositions personnelles, dont : The Fictional Pixel and The Ancient Set, au Bergen Kunsthall, Bergen (2015) ; Culpable Earth, à Firstsite, Colchester, Royaume-Uni (2012) ; Mon Plaisir…Votre Travail.., à La Salle de Bains, Lyon, France (2011) ; Golden Times, à la Haus der Kunst, Munich, Allemagne (2010) ; et The Ancient Set and The Fictional Pixel, au Serpentine Pavilion, Londres (2008). En 2015, il a assuré le commissariat (avec Martin Clark) deThe Noing Uv It, au Bergen Kunsthall, Bergen, Norvège ; et, en 2007, celui de Strange Events Permit Themselves The Luxury of Occurring au Camden Arts Centre. Outre sa pratique des arts visuels, il s’intéresse à la musique expérimentale électronique depuis plus de 20 ans, notamment en tant que membre des groupes Add N to (X), Jack to Jack (avec Mark Leckey) et Long Meg.

Une proposition d’Andrea Bellini

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