Archive



Charlotte Moth – Ce qui est fragile est toujours nouveau

Charlotte Moth
Ce qui est fragile est toujours nouveau


Pour la première exposition personnelle de large envergure de Charlotte Moth, artiste britannique basée à Paris, le Centre propose un parcours de son œuvre récente et présente deux nouvelles productions.

Prémisse de ses travaux, le «travelogue», initié en 1999, s’est développé au gré des voyages et déplacements de l’artiste en une large collection de photographies argentiques entretenant un rapport étroit à l’architecture, l’espace et la lumière. L’exposition au Centre inclut des travaux évoluant entre film, photographie et installation sculpturale.

Le titre de l’exposition, emprunté à un texte écrit par Roland Barthes à un moment particulier de sa vie – et peu avant sa mort précipitée –, laisse entrevoir une série de déceptions consommées, de quêtes inavouées. Alors qu’il aspire à « la préparation du roman » (c’est le titre de son cours) Barthes se détourne progressivement de la littérature et envisage la poésie, et plus particulièrement le haïku, comme une alternative possible : beauté de la fanaison imminente, « présence au bord de l’absence » (Antoine Compagnon); un regard qui évoque également la façon dont Barthes a appréhendé la photographie. Entre subjectivité et vérité de l’instant, le haïku et la photographie produisent tous deux une impression  – et non une certitude – que « ça a été » ; un effet de réel. Là où la photographie cependant est contrainte par sa nature même à l’exhaustivité de l’information, le haïku repose sur une forme épurée, elliptique, qui laisse transparaître l’essence du propos ; c’est la forme, le geste, qui seuls permettent de toucher la vérité.

Dans l’interstice de ces deux pratiques se dégage du travail de Charlotte Moth (*1978) une grâce pudique, une curiosité bienveillante envers des objets et des lieux hors du temps, obsolètes, apparemment perdus. Prémisse de ses travaux, le ‘travelogue’, initié en 1999 et représentant dans un premier temps principalement des villes côtières anglaises, s’est développé au gré des voyages et déplacements de l’artiste en une large collection de photographies argentiques entretenant un rapport étroit à l’architecture, l’espace et la lumière. Tandis qu’un large nombre de ces clichés restent invisibles – comme inachevés – certaines images sont au contraire mises en œuvre dans des installations et expositions, travaux plastiques ou filmiques, souvent réalisés en collaboration avec des artistes, théoriciens ou critiques, qui tour à tour se les approprient et les commentent, les interprètent ou les fictionnalisent. Ainsi se créent des processus d’échanges, des collages, des proximités humbles et affectueuses, qui constamment sollicitent « des allées et venues entre images et expériences » (Charlotte Moth). Pour l’exposition au Centre, Charlotte Moth invite Peter Fillingham et Falke Pisano ; deux artistes ayant collaboré avec elle à de nombreuses occasions, et dont les pratiques, quoique distinctes, rencontrent le travail de Charlotte Moth.

Charlotte Moth est née à Carshalton (UK) en 1978 et vit à Paris depuis 2007. Elle a tout d’abord étudié les arts plastiques au UCCA – University College for the Creative Arts – Canterbury puis à la Slade School of Art de Londres, avant d’achever sa formation à la Jan van Eyck Academie à Maastricht. Après des résidences au Pavillon du Palais de Tokyo (2007-2008) et à la Fondation Serralves à Porto (2011), elle est en 2012 à Fieldwork Marfa, Texas, puis au Schloss Solitude, Stuttgart. Parallèlement à certaines activités curatoriales et de nombreuses collaborations, Charlotte Moth a réalisé des expositions personnelles – entre autres – au Araújo Porto Institute (Fundaçao de Serralves et SONAE), Porto, à la galerie Carlier Gebauer, Berlin, au Musée départemental d’art contemporain de Rochechouart, au Pied-à-Terre, San Francisco, et à la Halle für Kunst, Lüneburg. Elle a par ailleurs participé à des expositions collectives, notamment à la Dallas Biennale, à la Cole Gallery, Londres, à la Kunsthalle de Bâle et à la synagogue de Delme.

Une proposition d’Emilie Bujès

Image de couverture: Charlotte Moth, Sculpture made to be filmed, 2012. Courtesy de l’artiste et Marcelle Alix, Paris
Visiter le 5e étage
Visiter le 5e étage L’espace d’exposition virtuel du Centre

Visiter le 5e étage
L’espace d’exposition virtuel du Centre

Visiter le 5e étage
L’espace d’exposition virtuel du Centre

Votre panier