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Wie zu Hause, Wo ich nicht bin

Wie zu Hause, Wo ich nicht bin


Jacopo Belloni, Johana Blanc, Constance Brosse, Sylvain Gelewski, Vicente Lesser, Henrique Loja, Sara Ravelli, Niels Trannois, Paulo Wirz


Une exposition pensée comme une conversation entre des artistes basés à Genève et des oeuvres issues d’Archivio Conz Berlin, avec en invités spéciaux: Ahouloumeldem, Geraldo de Barros et Jérémy Dafflon.

Organisation : Niels Trannois
Artistes : Jacopo Belloni, Johana Blanc, Constance Brosse, Sylvain Gelewski, Vicente Lesser, Henrique Loja, Sara Ravelli, Paulo Wirz, Trannois Niels
Séléction des oeuvres d’Archivio Conz : Stefania Palumbo, Gigiotto del Vecchio
Performance : Jérémy Dafflon
Costume : Ahouloumeldem
Scénographie : Dpot – mobiliário brasileiro et Arquivo Geraldo de Barros

 

Wie zu Hause, Wo ich nicht bin fait suite à l’exposition Fridges are not frigid accueillie en septembre 2019 par Archivio Conz Berlin. Un groupe de huit étudiant·e·s de la HEAD – Genève était, à cette occasion, invité à composer une exposition comme un dialogue entre leurs œuvres et celles de l’archive Fluxus de Francesco Conz. Wie zu Hause wo ich nicht bin est une itération augmentée de cette expérience dans le Project Space du Centre d’Art Contemporain Genève.

Archivio Conz Berlin représente l’archive issue de la collection que Francesco Conz  (Cittadella, 1935–Verona, 2010) a constitué durant une trentaine d’années. Plus qu’un collectionneur il travailla en étroite collaboration avec les artistes des principales avant-gardes de son temps — Fluxus, Poésie concrète, Actionnisme et Lettrisme. Au-delà de constituer une collection, Francesco Conz était un vecteur par lequel convergeait la nébuleuse Fluxus vers l’Italie, incarnant autant une figure de patron des arts que de mécène, il était impliqué dans les processus créatifs via les œuvres et les « portfolios » (projets d’artistes sous forme d’éditions limitées) qu’il a pu produire. Il laissa derrière lui un fond de plus de 3000 œuvres en cours d’archivage à Berlin.

Indexée sur son histoire, Wie zu Hause, Wo ich nicht bin est pensée comme un point de convergence en forme d’articulation entre ce qui a constitué à l’origine la collection de Francesco Conz et sa résonance contemporaine. Il s’agit ainsi, à travers la mise en vue de cette résonance dans l’exposition, de construire un mode de lecture des œuvres qui ne soit pas régi par l’appréciation de leur continuum historique mais plus par les affinités sensibles qui les relient, selon un rapport de proximité et d’imprévisibilité. Il ne s’agit pas ici d’une décontextualisation des œuvres mais bien d’une actualisation du contexte de leur apparition dans notre contemporanéité, et ce sens de notre rapport à l’histoire. L’exposition est donc pensée comme un environnement sensible car habité, incarné, jusqu’à la réification de Francesco Conz lui-même, au travers d’un avatar évoluant dans cette collection imaginée, constituée d’une sélection d’œuvres d’Archivio Conz Berlin mêlées aux œuvres produites pour l’occasion par huit artistes internationaux.

Lors d’une interview avec l’artiste Jean-Luc Blanc, le critique et curateur Alexis Vaillant écrivait en 2010 : « L’économiste anglais John Maynard Keynes a remarqué au début du XXe siècle que “Ce qui finit par arriver n’est pas l’inévitable, mais l’imprévisible.” Autrement dit, que l’impossible est prévisible et que seul l’imprévisible est à même de modifier les choses. » Ce à quoi répondait Jean-Luc Blanc : « L’inconnu génère effectivement du trouble. Il s’oppose donc aux automatismes de l’époque, et devient ainsi politique. Il faut être troublé pour connaître. Être ému et détourné par quelque chose qui est à l’extérieur de soi mais qui vient de soi et que pourtant, on ne reconnait pas est une chose considérable… » *

Sous la licence poétique du titre Wie zu Hause, Wo ich nicht bin réside l’idée que le sujet (ici, les protagonistes de l’exposition) envisage un rapport d’équivalence entre l’intérieur, (le moi, la construction de l’être intime, la sphère privée) et l’extérieur (la représentation de ce moi au monde, l’être politique). Cette équivalence induit en creux la perméabilité de ces sphères et la nécessité de leur trouble. Ainsi, non seulement quelque chose peut advenir dans la maison où je ne suis pas, mais que ce qui y advient, ce qui s’y fomente a nécessité à être « performé » à l’extérieur de celle-ci.

Considérant ces sphères, le mouvement qui anime la construction de Wie zu Hause, Wo ich nicht bin est celui d’un ricochet où la pensée soutenant le projet rebondit à la surface de l’Histoire (et des histoires) emportant avec elle des fragments, sous la forme d’œuvres, créant ainsi sur cette surface du sens, des liens qui se meuvent les uns aux autres. Parmi les cercles qui composent Wie zu Hause, Wo ich nicht bin un avatar androgyne d’un Francesco Conz transhistorique, dont la performance fut pensée de manière collective par les artistes de l’exposition, évoluera dans un environnement domestique. Dans cette digression historique, la trame de la collection est constituée d’œuvres des participant.es autant que d’une sélection d’œuvres choisies par Archivio Conz Berlin. Le costume du performeur qui incarne l’avatar de Francesco Conz est produit par Ahouloumeldem, duo de designers basé à Berlin, composé de Joy Ahoulou et Emilie Meldem. La scénographie de l’exposition se fera avec des meubles de Geraldo de Barros (1923 – 1998), artiste brésilien affilié à Fluxus et proche de Francesco Conz. En parallèle de son travail artistique, de Barros créa en 1954 Unilabor, une fabrique de mobilier basée sur le principe de communauté, une structure coopérative où chaque artisan·e était actionnaire à parts égales de l’entreprise. Enfin le portfolio oOoo0Oo0o véritable accessoire de la performance durant l’exposition a été réalisé collectivement par les artistes de l’exposition en s’indexant sur ceux que produisait Francesco Conz pour les artistes qu’il collectionnait.

Niels Trannois

 * extrait du catalogue : Alexis Vaillant (ed.), Jean-Luc Blanc, Opéra Rock, CAPC, Bordeaux / Sternberg Press, Berlin, 2009.

Exposition organisée en partenariat avec la HEAD – Genève, Archivio Conz Berlin et Arquivo Geraldo de Barros

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