Rosa Brux
West Coast Sisters
Pour faire face aux ségrégations opérées dans les années 1980 par les autorités culturelles américaines, le collectif Group Material faisait le choix d’employer le format de l’exposition comme moyen de revendication. Leurs expositions regroupaient une variété de pratiques, de groupes ethniques, et d’orientations sexuelles, tentant d’abolir les hiérarchies du milieu de l’art et la domination exercée par une culture américaine blanche, masculine et hétéronormée. Puisant librement dans les stratégies élaborées par Group Material, Rosa Brux propose une exposition critique et personnelle du MLF (Mouvement de libération des femmes) de Genève à travers un corpus de documents conservés essentiellement aux Archives contestataires.
Par la diversité de ses revendications et ses moyens d’action (cours d’autodéfenses, apprentissage de self-help offrant aux femmes la possibilité d’examiner leur propre corps, rémunération du travail ménager, autogestion d’un lieu permettant aux femmes de discuter librement, avortement libre, reconnaissance des droits des lesbiennes de tous les pays, etc.) le MLF de Genève, rassembla une multiplicité de groupes réformistes et radicaux. À l’inverse d’une vision hégémonique de ce mouvement, l’exposition tente de présenter les modes d’organisation de femmes réunies par des luttes, des sentiments, des activités qui sont aussi propices aux conflits voire aux incompréhensions. La teneur des revendications demeure quant à elle toujours aussi présente.
Dans le prolongement de l’exposition, l’espace habituellement dédié aux résident·e·s accueille des ateliers d’apprentissage ouverts aux femmes qui contribuent, par le partage des savoirs, à une forme d’autonomie des soins.
Réuni à ses débuts autour d’un lieu d’exposition autogéré qui abordait des sujets sociaux et politiques, Rosa Brux a évolué en tant que collectif autonome. En fédérant des groupes investis dans des domaines aussi variés que le militantisme, les pratiques mémorielles ou le droit, Rosa Brux souhaite contribuer par ses actions à l’émergence de mouvements transversaux qui expérimentent des alternatives possibles à la critique institutionnelle.